15 ans plus tard, j'ai enfin compris ♾️
Vouloir Savoir et Oser Dire !
Si vous êtes abonnés à mon substack, vous savez que je suis neuroatypique, plus précisément je suis TDAH ET autiste.
Le truc fou là dedans, c’est que vous m’auriez dit cela il y a un, je vous aurai regardé avec incrédulité.
Je n’ai conscience d’être TDAH et autiste que depuis cette année.
Et pourtant
Je suis TDAH et autiste depuis le 29 décembre 1981
Le jour de ma naissance
PS : La psychnalyse a fait beaucoup de mal à la cause neuroatypique en prétendant que les petits garçons devenaient autistes à cause de l’éducation trop étouffante de la mère.
Alors que c’est génétique.
Est-ce que mes beaux yeux bleus clairs sont aussi la faute de ma mère qui a les yeux marrons ?
Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais on est là à un sacré niveau de dinguerie, d’incompétence et de sexisme.
J’étais quelqu’un d’ultra banal
Il y a plein de sujets sur lequel je suis quelqu’un d’ultra banal :
Je suis un mec français blanc cis hétéro qui a fait une grande école.
Toutes ces étiquettes sont tellement naturelles et évidentes que je n’y pense quasiment jamais.
Ce n’est qu’en me mettant en couple avec une sud-américaine que j’ai réalisé qu’etre francais en France, ca rend quand meme tout vachement plus simple.
C’est facile de parler francais quand tu es tombé dans la marmite quand tu étais petit
C’est facile d’avoir des papiers quand tu es tombé dans la marmite quand tu étais petit.
J’ai eu un choc quand j’ai enfin compris que les femmes se sentaient régulièrement pas safes en allant à un date ou tout simplement en retrant chez elles la nuit. Moi je n’ai quasiment jamais eu physiquement peur dans ma vie.
Ce n’est que en me socialisant avec des noirs et des arabes que j’ai compris que j’étais blanc.
Idem pour les autres étiquettes : cis, hétéro, diplomé de grande école
Toutes ces étiquettes sont tellement naturelles que je ne les identifais pas comme telles. Personne ne m’en fais le reproche quand je les utilise.
Et pourtant j’étais aussi terriblement chelou
Un mec incroyablement dans la lune.
Qui perd ses clés tout le temps.
Qui parfois passe une nuit blanche dehors parce qu’il est sorti sans ses clés
Qui est stressé à la simple idée de sortir de chez lui parce qu’il a peur d’oublier quelque chose d’important.
Qui arrive régulièrement dans un pièce en se demandant pourquoi diable je suis venu ici.
Qui rate régulièrement des rendez-vous importants.
Qui a failli rater l’avion pour arriver à son propre mariage.
Quelqu’un qui se pose trop de questions.
Quelqu’un qui ne rentre pas dans les cases.
Qui parle bizarrement.
Qui parle souvent pas de ce qu’il faut, ni quand il faut.
Qui a des intérêts intense pour des choses cheloues.
Qui parle de choses cheloues.
Qui n’est pas à l’aise dès qu’il y a trop de bruit ou trop de lumière.
Quelqu’un qui fréquente d’autres gens bizarres.
Qui a beaucoup galéré sur le terrain de la séduction.
Qui de manière générale a du mal à comprendre les normes sociales.
Ou plutot qui comprend les normes sociales, mais ne voit pas en quoi elles sont utiles, nécessaires et justes.
Quelqu’un qui s’est fait beaucoup trop souvent éliminé d’entretiens de recrutement oú il avait carrément le niveau.
Dont la carrière ressemble à un grand huit émotionnel.
Bref, je suis neuroatypique.
Mais j’aurais pu l’être ni vu ni connu comme énormément de gens.
Mais la vie ne m’a pas laissé le choix.
Mon début de carrière chez Altran
En 2007 je suis sorti de l’ENSIMAG, une vie à priori facile devant moi. Par contre en bon autiste, je ne comprends rien au marché du travail, et je fais la pire erreur de ma vie
Altran (aujourd’hui filiale de CapGemini) est la première boite qui me fait une offre d’embauche. Je m’empresse d’accepter.
Avec le recul, il y avait des indices pas très subtil que j’aurais du me méfier.
Tout le monde dans le secteur à l’époque qualifie les boites comme Altran de vendeurs de viande.
Bizarre.
L’entretien de recrutement était bizarre aussi. Je ne savais pas du tout sur quoi j’allais être évalué.
On m’a dit en substance :
Non mais t’es bac+5 ingénieur ENSIMAG, le reste on s’en fout un peu. A part la chemise et la cravate, là franchement ca va pas du tout. Faudra corriger ca fissa.
Bizarre ce monde du travail.
J’ai d’autres souvenirs bizarres de chez Altran
la boite de réception où la moitié des emails ont comme objet `URGENT`
le coaching pour entretien consistant à serrer les mains fermement pour montrer qu’on peut compter sur nous
les conversations cheloues à la machine à café quand on demande aux collègues combien eux sont payés
En gros : chacun a eu le salaire qu’il a demandé à l’entretien d’embauche moins 7%
les réponses à apporter en entretien client : “est-ce que je peux faire ca ? oui je peux, bien entendu”
ou quand c’est pas trop plausible : “ah ca ? j’ai pas fait non, mais je suis consultant-altran-ingénieur-ensimag. pas de problème pour moi, j’en fait mon affaire lol.”
C’était pas du tout l’endroit où être quand on est autiste.
Mais j’ai une mission chez Bouygues pendant deux ans
…. comme QA
…à faire de la non régression manuelle.
Ultra ennuyeux et répétitif.
C’était pas du tout l’endroit où être quand on est TDAH.
Et pourtant tout cela n’est qu’un prélude au drame de ma vie.
Traumatisme et sidération
En 2009, chez Altran, je me retrouve dans une situtation impossible à cause d’ un business manager from hell
Celui-ci, pressé de toucher sa prime, ment à un client en me vendant comme expert Visual Basic, et traffique mon CV en cohérence avec son mensonge.
Dans le monde réel Visual Basic je sais que c’est le truc dans Excel, je ne sais même pas comment on ouvre l’éditeur dans Excel.
Ensuite il me terrorise quand je lui dis que ce n’est pas possible de faire cela.
Il me force à aller en entretien client, y compris en conduisant dangeureusement.
Je tremblais dans ce fameux entretien client, mais je me disais que ca allait être un moment pénible à passer.
Le client va se rendre compte que je suis un imposteur total.
Ce n’est pas possible autrement.
Que nenni.
Altran, l’ENSIMAG, c’est du sérieux.
Le client nous fait confiance. C’est une catastrophe pour moi.
Je débarque sur un projet la boule au ventre.
Forcé par “professionnalisme” de faire un truc que je ne SAIS pas faire
… que je VEUX pas faire
… que je ne PEUX pas faire.
… en conflit TOTAL avec mes valeurs.
Je déteste profondément le mensonge
C’est un défaut qu’ont beaucoup d’autistes.
Pensez à Greta Thunberg.
Nous avons un sens de la justice et de la vérité chevillé au corps.
La liberté, c’est de pouvoir dire que 2 + 2 = 4.
Lorsque cela est accordé, tout le reste en découle
— George Orwell
Origin Story
Cet évènement est mon “origin story” professionnel.
On ne peut pas comprendre mon parcours pro chelou sans cette ref
On ne peut pas comprendre mon projet de coach de carrière sans ref
On ne peut pas comprendre mes très très nombreux épisodes dépressifs sans cette ref
On ne peut aps comprendre mon engagement neuroatypique sans cette ref.
Sidération
Et pourtant tout cela j’ai moi même mis très très longtemps à le comprendre.
Je me rappelle très bien de cet après-midi de mars 2023.
Mon CTO et ami Fernando Cejas venait de m’annoncer que notre boite jetait l’éponge sur le projet sur lequel nous avions si brien travaillé.
J’ai mis un après-midi tout entier, en chialant à plusieurs reprises, à lui dire que pour moi il était temps de faire quelque-chose de plus important que de la programmation.
Que le jour où il m’avait embauché, j’avais du trouver une astuce pour ne pas lui parler de la période de ma carrière entre 2009 et 2014, mon départ pour Berlin.
Que cette période noire était un trou noir.
Mon enfer personnel.
Que je voulais me lancer dans le recrutement.
Que je voulais guider les nerds dans leurs choix de carrière.
Que je devais le faire pour donner du sens à ma douleur.
J’avais vécu de telles crises, il falllait que j’en fasse quelque-chose d’utile aux autres pour pouvoir panser mes propres blessures.
Que c’était là ma quête du sens.
Alors quand certains me disent de faire attention à m’afficher ouvertement autiste ou TDAH, des termes associés à des couches presques infinies de préjugés et de méconnaissance, je peux les rassurer.
Je sais la mauvaise réputation
J’en ai même fait une chanson
Quelle alternative ? La tutelle incompétente et dégoulinante de paternalisme de la psychiatrie ?
J’ai déjà essayé
La psychiatrie a été d’une incompétence rare avec moi.
Le premier psychiatre que j’ai vu déclaré du haut de sa science que je faisais une dépression clinique.
Tu parles d’une expertise
N’importe qui avec sous les yeux la définition de la dépression aurait pu faire aussi bien.
Le fail monstrueux c’est que jamais ce psychiatre n’a eu la curiosité de se poser une question toute simple.
Pourquoi au juste ai-je fait cet épisode dépressif ?
Si j’avais eu à l’époque autour de moi l’une des femmes incroyables qui m’entourent aujourd’hui, les choses se seraient passés bien différemment
Episode dépressif je veux bien. Traitons la crise ok.
Mais on sort du déni ok ?
Moi je VEUX SAVOIR POURQUOI il est comme ca Jean-Michel ?
Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Il était pas comme ca avant.
C’est pas vrai.
Il n’est pas devenu comme ca en chopant un virus de la dépression comme on chope le COVID.
C’est pas vrai.
Qu’est-ce qui s’est passé ? Je veux savoir.
Et là oui effectivement, on serait remonté assez facilement au MARCHAND DE VIANDE qui m’employait alors.
On lui aurait demandé des comptes.
Peut-être même que l’état de sidération dans lequel j’étais lui aurais rappelé à s’y méprendre l’état de sidération dans lequel se trouvent les femmes qui viennent d’avoir le traumatisme d’un viol.
Et là on aurait pu s’engager sur la piste de la psychologie au lieu de la psychiatrie.
La piste de la psychologie qui est justement celle qui m’a sauvé.
Purée je me suis même marié avec une psychologue…
Sans raison vous croyez ?
La fausse piste de la bipolarité
Je n’en avais pas fini avec l’erreur médicale.
Parce que choper une fois le virus de la dépression, c’est l’enfer ok, mais passe encore. 20% de la population y passe un jour où l’autre.
Mais moi la dépression, je suis spécialiste.
Des crises dépressives, j’en ai fait encore, et encore. Le dernier pas plus tard qu’en septembre.
Ca s’explique facilement si on sait que j’avais des traumatismes non traités plus le stress d’etre neuroatypique dans un monde pro pas fait pour moi.
Mais avec la fausse piste psychiatrique, non.
En 2012 un psychiatre a cru cerner le problème et m’a donné un diplôme officiel de bipolarité, c’est à dire de maniaquo dépressif.
Ce diplôme m’a fait du bien au départ parce qu’iil m’a permis de rencontrer d’autres neuroatypiques (bipolaires donc).
Mais assez rapidement vers 2014 je me suis rendu compte que si la partie dépressive était évidente et rien de nouveau, la partie maniaque ne correspondait pas à ce que racontaient mes nouveaux copains.
La partie maniaque de la bipolarité, ne correspondait pas à ce que je vivais
Elle ne m’aidait en rien à vivre ma vie :
Quand j’étais dépressif, rien de changé par rapport à avant.
Quand j’allais bien non plus.
Et quand aux crises maniaques, je n’en faisait pas. Pas vraiment.
Je faisais certes des trucs qui ressemblent à des crises maniques.
Mais savez-vous ce qui ressemble à la bipolarité ?
La bipolarité, le TDAH et l’autisme se ressemblent beaucoup
De même que le rhume, l’angine et la grippe se ressemblent.
Mais c’est important de savoir lequel des trois.
Y’en a un qui s’en va tout seul, l’autre qui te tue.
L’un qui se prévient par un vaccin parfois, l’autre non.
L’un qui se traite par des antibiotiques
alors que si tu donnes des antibiotiques pour tuer un virus qui n’est pas vivant, ca va bien le faire rigoler.
Bref, le B-A-BA de la médecine c’est de faire un diagnostic différentiel
Diagnostic différentiel
Il y a beaucoup d’infos là-dessus, mais le truc à comprendre c’est ca
j’ai tous les critères commun au TDAH et à l’autisme
j’ai tous les critères spećfiqieus au TDAH
j’ai tous les critères spécifique à l’autisme
Par conséquent
CQFD : je suis autiste ET TDAH
Même exercice avec la bipolarité et l’autisme
Il y a beaucoup d’infos lá dedans, mais le truc crucial c’est ca
j’ai tous les critères commun à la bipolarité et à l’autisme
j’ai tous les critères spécifique à l’autisme
j’ai AUCUN des critéres spécfiqieus à la bipolarité
CQFD : j’ai un truc qui ressemble à la bipolarité mais n’est pas la bipolarité.
Ce truc s’appelle l’autisme.
Je ne suis pas bipolaire.
Le dilemne: coming out ou coming through ?
La société déteste les neuroatypiques donc on n’a le choix qu’entre des mauvaises options.
J’ai choisi le coming out franc et sans complexe parce que
je suis dev, et chez les devs c’est les neuroatypiques qui sont typiques
je suis à Berlin, une ville de gens chelous où la diversité est une pratique quotidienne
pour faire face à mes problèmes énormes, je me suis entouré d’un super réseau de soutiens
J’ai bien conscience que presque personne ce qu’est vraiment l’autisme.
J’ai bien conscience que c’est catégorisé comme une maladie mentale, comme hier l’homosexualité.
J’ai bien conscience de la mauvaise réputation des autistes… j’en ai même fait une chanson de Brassens.
Ce stigmate, je l’accepte et je le revendique
Au nom de mon histoire personnelle
Au nom de la justice
Au nom de la décence
Au nom de la science
Au nom de tous les miens






👏🥰☀️